Page 11 - Extrait du livre Le Patron avant tout - Rou'hama Shain
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Le PATRON avant tout d 11
porter ce titre, lorsqu’il avait à se défendre contre les logeurs qui
voulaient l’exploiter, à l’âge où les autres enfants commencent
seulement à s’initier à la vie de la Yechiva et à l’étude… Mais par
un travail personnel, il a récupéré toutes les valeurs de la Yechiva
et sa progression constante n’a qu’un secret : cette simple vérité
qu’énoncent nos Sages, selon laquelle « une mitsva entraîne une
autre mitsva ». Toute sa vie se résume à cela : un simple juif qui
surmonte difficulté, épreuve après épreuve, qui n’attend de per-
sonne d’autre que lui-même de changer la face du monde, peut
se révéler, dans son pays, la figure de proue du judaïsme de son
époque. Et c’est là, à coup sûr, l’un des messages essentiels conte-
nu dans le livre : chaque juif, à sa lecture, se sent interpellé…
Certes, chaque communauté juive vivante, en tous points du
globe, a produit de simples fidèles sans titre ni fonction rabbi-
nique, qui se sont surpassés dans le domaine de la générosité et
de la bienfaisance, notamment par leur hospitalité, première des
valeurs juives. Peu d’entre eux, sans doute, ont rassemblé comme
lui tant de qualités à la fois : un sens de la responsabilité et de
l’action qui ne l’empêchait pas d’être humble et effacé devant
les maîtres de la Thora, un amour envers ses semblables qui ne
l’empêchait pas d’être strict et rigoureux comme un roc dans ses
principes et son auto-discipline, ce mélange si typiquement juif
de rigueur et de tendresse… Quoi qu’il en soit, Yaacov-Yossef
Herman évoque pour chaque juif digne de ce nom, un prototype
familier, une espèce de « modèle juif » de référence, soit qu’on
en ait personnellement connu un, soit, le plus souvent, qu’on en
ait entendu parler par un père ou un grand-père ; une sorte de
« juif idéal » qui ressurgira comme le reflet d’un temps révolu et
le plus souvent oublié… mais qui fera écho au message que nous
donne l’auteur, à savoir que ces valeurs-là sont bien de ce monde,
qu’elles existent et sont accessibles.
Plus encore, Le Patron avant tout illustre de façon concrète
combien une soumission aveugle aux mitsvoth est apte à édu-
quer, raffiner et à mettre bon ordre dans les multiples qualités
que l’homme ne peut à lui seul savoir utiliser à bon escient. Et
inversement, le livre montre comment des qualités profondes qui
n’attendaient qu’à être tamisées, mesurées et bien orientées, ont