Page 13 - Extrait du livre Le Patron avant tout - Rou'hama Shain

Le PATRON avant tout d 13

péripéties matérielles (et, en filigrane, les péripéties spirituelles)
par lesquelles elle passe sont un peu ce que le fruit est à l’arbre.
Le Patron avant tout, c’est aussi, en fin de compte, de par son
témoignage autobiographique et sa description, non seulement
d’un homme, mais d’une famille entière, un livre de référence
pour toute famille juive – quel que soit son degré d’engagement
religieux. On y retrouvera toutes les valeurs fondamentales de
la famille juive en général et on aura l’occasion de méditer com-
bien ces valeurs viennent en droite ligne de la Thora. L’harmonie
sereine qui règne, en effet, au sein de la famille Herman trans-
paraît à chaque page et le lecteur saura que ce n’est pas du ro-
man. L’un des aspects les plus touchants du livre tient peut-être
aux relations privilégiées entre Yaacov-Yossef Herman et sa fille
Rou’hama, qui sont, elles aussi, comme un prototype du lien qui
peut relier deux générations, lien qui, de surcroît, puisqu’il s’agit
d’une fille, remet à sa juste place le sexe féminin à l’intérieur de la
famille juive. Rou’hama était loin d’être un petit mouton docile.
Contestataire comme les enfants juifs savent l’être, elle intégrera
pourtant progressivement les valeurs inculquées par son père, du
fait même de la richesse affective de leurs relations. Et lorsque,
devenue adulte et même grand-mère, elle entreprendra d’écrire
la vie de son père, c’est dans une ferveur et une dévotion filiale
des plus communicatives qu’elle se vouera à sa tâche. Personne
n’aurait pu mieux parler de Yaacov-Yossef Herman : les moindres
détails de la vie quotidienne sont pour elle chargés de messages
et ce mélange intime de spirituel et de matériel est bien à l’image
de la vie, où la valeur d’une personne ne se mesure pas tant à
l’aune d’actes de bravoure exceptionnelle qu’à celle du com-
portement au jour le jour dans la banalité de la vie quotidienne.
Rou’hama Shain parvient parfaitement, dans ses récits suggestifs
et par l’évocation spontanée de ses souvenirs, à nous faire tou-
cher du doigt la grandeur et la sainteté.

L’éditeur