Page 12 - Extrait du livre Le Patron avant tout - Rou'hama Shain
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12 d Introduction à l’édition française


donné aux mitsvoth leur pleine signification et leur véritable rai-
son d’être.

Il y a progression aussi, tout au long du livre, de la percep-
tion qu’a l’auteur, du personnage de son père au fur et à mesure
qu’elle avance dans la vie. Dans ses jeunes années, Rou’hama
craignait sans doute son père, comme bien des petites filles crai-
gnent leur père perçu comme trop infaillible, trop parfait, surtout
lorsqu’il s’agit effectivement d’un père fort et autoritaire. Mais
si Yaacov-Yossef Herman est autoritaire, il est en même temps
profondément et sincèrement concerné par le bien de ses enfants,
comme il l’est de tous ses invités, de son épouse et de chaque être
humain. Et, même dans ses jeunes années, Rou’hama le perçoit
déjà. C’est là-dessus, sans doute, que se greffera, parallèlement
à la crainte, un amour pour son père qui ira grandissant. Et c’est
ainsi, qu’imperceptiblement, le lecteur qui, sous l’influence de
l’auteur, ressentait peut-être avec malaise ce côté autoritaire du
personnage, dans les premiers chapitres du livre, sera amené à
découvrir en lui son être véritable, humain et sensible à l’extrême.

La seconde partie du livre laisse pour un temps de côté (du
moins, de façon directe) le personnage de Yaacov-Yossef Her-
man. C’est le récit, présenté sous forme de lettres adressées à ses
parents, du séjour de l’auteur, à Mir (Pologne), avec son jeune
conjoint, presque au lendemain de leur mariage. Encouragé par
Yaacov-Yossef Herman à quitter l’Amérique pour se plonger dans
un monde recroquevillé sur l’étude de la Thora, le jeune couple est
allé rejoindre, aux confins de la Pologne et de la Russie, une petite
bourgade dont aucune carte ne fait mention et dont le monde au-
rait depuis longtemps oublié le nom si elle n’avait abrité, durant
plus d’une centaine d’années, l’une des plus grandes Yechivoth
d’avant-guerre – la Yechiva de Mir (subdivisée aujourd’hui en
deux sections : l’une à Jérusalem, l’autre à New York). Ces lettres
constituent un « reportage en direct » de la vie quotidienne au
sein d’un monde aujourd’hui disparu : celui des Yechivoth d’Eu-
rope de l’Est d’avant-guerre. Digression pittoresque et instructive,
cette partie du livre est cependant intimement reliée à l’essentiel :
suite logique du travail deYaacov-Yossef Herman (qui a consisté
à « orienter ses élèves vers Mir »), ce séjour à Mir de sa fille et les
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