Page 35 - Extrait du livre Le Patron avant tout - Rou'hama Shain
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Le PATRON avant tout d 35
personne (même dans les familles juives) excepté chez les amies
très proches dont Papa et Maman connaissaient bien les parents.
Cela ne nous a jamais empêché d’avoir des amies. Le chabbath
une dizaine ou une quinzaine de camarades (juives) venaient
souvent me rendre visite. Papa nous racontait des histoires de
la Bible et discutait avec elles de leurs problèmes. Et Maman ne
manquait pas de nous servir son fameux « coffee-cake » et des
boissons.
Lorsque nous eûmes terminé le premier cycle, Papa se dé-
mena pour nous trouver un collège à son goût : celui de notre
quartier avait bonne réputation, mais Papa ne voulait pas en en-
tendre parler parce qu’il était mixte. Papa découvrit finalement
un collège privé, dans la East Fourteenth Street, à Manhattan, qui
répondait à ce qu’il cherchait. La scolarité était payante. Nous
devions nous procurer les manuels nous-mêmes et de plus, les
trajets pour nous y rendre représentaient une certaine dépense.
Mais Papa ne regardait jamais à la dépense lorsqu’il s’agissait de
ses convictions religieuses.
Le collège proposait un programme accéléré en deux ans, ne
comprenant pratiquement aucunes vacances (notamment en été).
Papa était impressionné par l’emploi du temps sérieux et équili-
bré – qui comprenait aussi un programme d’éducation physique
avec natation, basketball, tennis et gymnastique.
Il fallait passer un examen d’entrée qu’Esther, Frieda et Bessie
réussirent sans aucune difficulté. Quand vint mon tour d’entrer
au Collège, on opposa des objections à Papa étant donné mon
trop jeune âge (treize ans et demi au lieu de quatorze). Papa fit de
son mieux pour convaincre la direction de l’école de m’accepter.
En fin de compte, il fut convenu que si j’arrivais à passer l’exa-
men avec une moyenne élevée, on ferait une exception pour moi,
étant donné la bonne réputation des filles Herman dans l’école.
La nuit précédent l’examen, j’étais agitée et ne trouvais pas le
sommeil, à la pensée que j’allais faire honte à la famille Herman
si je ne recevais d’assez bonnes notes.
Je me rendis à l’examen en tremblant mais les oreilles remplies
des bons souhaits de Papa et Maman. Je fus reçue.
Maman veillait à ce que nous emportions, à l’école, un bon
« lunch ». Chaque matin elle avait à cœur de nous le préparer