Page 19 - Extrait du Livre Le journaliste - Koby Lévy
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Issakhar mon sauveur
carcasse, je ressemble à un animal qu’on conduit à
l’abattoir ».
Alors qu’il était plongé dans ses pensées
douloureuses, il remarqua soudain dans le couloir du
service un juif agréable et élancé, à la barbe imposante,
avec une ribambelle de six ou sept enfants qui gigotaient
autour de lui.
« Chivi !? » s’exclama Egozi. « Chivi, non, je ne me
trompe pas, Pin’has Yohanan, mon vieil ami, entre, je
t’en prie, je suis dans la chambre 17… »
« Oh, mon cher ami, rabbi Bétsalel Egozi, comment
vas-tu, kavod harav ? » lui dit Chivi avec un sourire
radieux, en lui prenant chaleureusement la main.
Chivi se pencha vers son ami, l’enlaça et lui
murmura à l’oreille : « Bétsalel, mon ami, cela fait
presque vingt ans que nous ne nous sommes pas revus…
et c’est de ma faute. J’ai encore de nombreuses midot à
travailler. J’ai une dette envers toi et je voudrais
maintenant l’honorer. Si je possède aujourd’hui de la
Torah, c’est grâce à toi. Si j’ai du savoir-vivre, c’est
également grâce à toi. J’ai vécu des moments difficiles à la
yéchiva, et plus d’une fois, j’ai pensé tout arrêter et sortir
dans la rue, vendre des fleurs ou des vêtements. J’étais
convaincu que mes chances d’être un jour un talmid
‘hakham étaient infimes. Tu te souviens sûrement comme
il était difficile pour moi de suivre en cours, combien
j’échouais aux examens, mais toi, Bétsalel, tu étais mon
rocher, ma lumière. Chaque fois que je m’adressais à toi,
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