Page 21 - Extrait du livre Le Patron avant tout - Rou'hama Shain

Le PATRON avant tout d 21

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Le pincement sur la joue

e relus la lettre de PaPa. son envie de me revoir, qui se
jfaisait déjà sentir dans ses dernières lettres, sautait aux yeux à
présent à chaque ligne. Depuis la mort de Maman, il y avait près
de dix ans, cette nostalgie s’était accentuée avec le temps, bien
que Papa se fût remarié.
Il est vrai que Papa avait plusieurs petits-enfants affectueux
qui vivaient non loin de chez lui, à Jérusalem, mais comme il
l’écrivit une fois lui-même : « les petits-enfants, ce ne sont pas les
enfants ».
Quinze longues années s’étaient écoulées depuis que je l’avais
vu pour la dernière fois. Il y avait toujours eu des raisons valables
pour remettre mon voyage : la Seconde Guerre mondiale, la nais-
sance de mes deux plus jeunes enfants, la guerre d’Indépendance
en Eretz-Israël, mais j’avais toujours l’intention inexprimée et
le secret espoir d’aller, « sans doute l’année prochaine »…, voir
Papa.
Un puissant désir de le revoir s’empara de moi. Je voulus sen-
tir le contact chaleureux de sa main, je voulus voir ses yeux pé-
nétrants, gris comme l’acier, fondre et s’attendrir en se posant sur
moi.
Je voulais lui parler, mettre à nu mes pensées tourmentées, et